Traspasser un commerce, ça veut dire revendre le mobilier et les équipements quand un locataire quitte un local commercial, et on en trouve à tous les prix, surtout depuis le début de la crise touristique, mais est-ce vraiment une bonne idée et est-ce que ça vaut toujours le coût ?
Trapasser un commerce est pratiquement un sport national à Gran Canaria, tant il y a d'établissements à reprendre en permanence, ce qui est bien compréhensible compte tenu de l'importance du secteur commercial sur l'île, mais avec le temps, certains revendeurs ont tellement abusé avec les prix, que les éventuels acheteurs se demandent de plus en plus si ça vaut le coût et s'il s'agit vraiment de bonnes affaires.
Afin d'évaluer une offre de traspasso, il faut avant tout regarder de quoi on parle et ce qui est compris dans le prix. Le mobilier de jardin ? Le mobilier en salle ? Les éléments de décoration ? Les équipements professionnels ? Plus y en a et plus le prix aura tendance à monter, c'est logique, surtout si le matériel est relativement neuf et en bon état, mais il ne faut pas exagérer pour autant.
Il est normal de demander un certain montant pour la reprise du mobilier et des équipements professionnels. Mais encore faut-il rester dans certaines limites. Un mobilier usagé ne peut pas être revendu presque au prix du neuf sous prétexte qu'il a été acheté récemment et que le propriétaire peut montrer les factures pour l'attester. Ça ne change rien. Un matériel usagé doit se vendre à un prix bien inférieur à celui du neuf, tout simplement parce qu'il est imposé au nouvel acheteur, qu'il ne l'a pas choisi et que c'est donc une concession qu'il fait. Ce fameux matériel sera peut-être remplacé de fonds en comble par le nouvel acquéreur, qui l'aura dans ce cas acquis pour rien. Il faut donc rester très mesuré au niveau des prix. Et il en va de même pour le matériel professionnel.
Tout ça, c'est du passé !
Certains revendeurs vont mettre de l'avant les performances de leur local en terme de chiffres d'affaires pour justifier un prix de vente élevé. Ils vont parler des revenus qu'ils tiraient de leur affaire, du nombre de clients qu'ils ont ou du classement qu'ils ont atteint sur des sites Internet comme TripAdvisor ou dans des guides de voyage comme Michelin ou Repsol. Oui, mais tout cela c'était avant. Avant la crise. Avant l'effondrement de la fréquentation touristique. Et du coup, concrètement tout cela ne vaut plus rien aujourd'hui. Qu'est-ce que ça change de savoir qu'un local générait tant de milliers d'euros par soir si on sait maintenant que ce n'est plus possible aujourd'hui ? Ce genre d'argument ne tient plus.
Enfin, il reste la question de l'emplacement, qui est également à considérer et qui est peut-être la plus intéressante. En effet, un bon emplacement est un critère capital dans l'acquisition d'un commerce. Et pour cela, parfois, cela peut valoir la peine de dépenser un peu. Si par exemple, l'établissement à traspasser se situe dans une zone très cotée, très passante, qui correspond exactement à la clientèle de votre local et qui plus est si on trouve rarement des espaces disponibles dans cette zone, alors oui, ça peut valoir la peine. Mais là encore, il faut savoir raison garder.
Un bon emplacement fait toujours la différence et a toujours son prix !
Concrètement, et pour parler chiffres, un traspasso qui se situe autour de quelques dizaines de milliers d'euros peut être acceptable. Jusqu'à 30 000 ou 40 000. c'est raisonnable et ça reste possible à amortir. Au-delà, c'est déjà nettement moins intéressant. Tout simplement parce qu'avec 45 000 ou 50 000 €, vous pouvez facilement monter votre propre local en partant de zéro, et au moins il vous ressemblera, sera exactement comme vous l'aurez décidé ou voulu, et vous n'aurez pas à supporter les vieilleries ou la décoration des propriétaires précédents. Et si c'est l'emplacement qui vous motive et que vous êtes prêt à payer plus, c'est toujours envisageable, mais là encore, il y a des limites à ne pas dépasser. Il n'y a aucune raison d'atteindre 100 000 euros et plus. Aucun emplacement de local ne vaut ce prix-là, à moins vraiment d'occasion exceptionnelle.
Pour finir, et au vu de tout ce qui a été exposé précédemment, il va de soi que tous les traspassos à plus de 100 000 euros, à l'heure actuelle, sont de l'abus pur et simple et sont loin de constituer de bonnes affaires. Quand on voit des bars / restaurants au Yumbo ou ailleurs qui sont à traspasser à des 250 000 € (restaurant Marco Polo au CC Cita), 200 000 € (bar cabaret Sparkless au Yumbo), 160 000 € (restaurant Grill Argentino sur l'avenida de Tirajana), 140 000 € (restaurant Label Lounge au Yumbo), 126 000 € (cafétéria Mauu au CC Cita), 126 000 € (ancien Restaurant Parrots devenu Como Quieras au Yumbo), c'est tout simplement jeter son argent par la fenêtre. De la folie. Il n'y a aucun moyen d'amortir de tels coûts et ils ne se justifient en aucun cas. Passez votre chemin.
La formule reste compliquée et prend souvent des formes plus ou moins acceptables légalement parlant
Rappelons enfin que la plupart des trapassos proposés à Playa del Inglés sont carrément illégaux. En effet, selon la logique de la loi, seul l'ancien locataire du local peut traspasser son commerce car le nom du local et le matériel qui est à l'intérieur lui appartient à lui et non au propriétaire. Une situation délicate car du coup le locataire doit continuer à payer son loyer tant que son local est à traspasser. Et ensuite, il doit demander l'autorisation à son propriétaire de faire rentrer un nouveau locataire. Un vrai tour de passe-passe rarement réalisable dans les faits.
En revanche, ce qu'on voit souvent, c'est que le propriétaire récupère un local une fois son locataire parti et qu'il en profite pour traspasser ce que l'ancien locataire a laissé à l'intérieur. C'est évidemment abusif car le propriétaire du local n'est en rien propriétaire du nom et de la clientèle du local, ils ne peut donc pas les revendre. Quant au matériel et aux équipements, Il les a reçu en cadeau ! Il n'est donc absolument pas légitime à traspasser ce matériel. S'il était honnête, il devrait se contenter de remettre le local à louer et de profiter du fait que le local est équipé pour le louer plus rapidement et en faire un atout à la reprise, sans plus. Mais l'appât du gain facile est si fort que la majorité des propriétaires essaient de traspasser quand même en profitant du départ précipité de leur précédent locataire.
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